Homélie du 28ème dimanche du Temps ordinaire
Abbé Jean Compazieu | 4 octobre 2020
Tous invités
Textes bibliques : Lire
Les textes bibliques de ce dimanche nous adressent un appel à l’espérance. Ils nous rejoignent dans a situation qui est la nôtre. Dans la 1ère lecture, le prophète Isaïe s’adresse à un peuple qui vit une situation difficile. Son message cherche à le raffermir dans sa foi. Il annonce l’intervention de Dieu qui opèrera un renversement radical non seulement du sort d’Israël mais aussi de tous les peuples. C’est un monde nouveau qui est en train de naître, un monde où rien n’est perdu de ce qui est beau et bon, un monde le mal est exclu.
Cette proposition de salut est comparée à un festin offert à tous les peuples. Ce sera une vie entièrement nouvelle, en totale communion avec Dieu. Ce repas célèbrera la disparition définitive de l’humiliation, de la souffrance et de la mort. En communion les uns avec les autres, nous célèbrerons la grandeur de Dieu. À nous de diffuser cette bonne nouvelle si nous voulons hâter ce jour du grand festin entrevu par Isaïe.
C’est aussi cette bonne nouvelle que saint Paul a annoncée au monde païen de ton temps. Sa vie était loin d’être une succession de festins. Sa plus grande préoccupation était que l’invitation du Christ soit proclamée dans le monde entier. Il a vécu des moments difficiles ; il a connu des privations ; il a souffert les persécutions. Mais il trouve sa force en Dieu. Lui seul peut nous combler pleinement. Sa grâce nous suffit.
L’évangile nous présente un roi qui célébrait noces de son fils. Ce roi, c’est Dieu. Il invite l’humanité entière à la noce de son Fils Jésus. Envoyé par le Père, Jésus a épousé notre humanité par son incarnation. Et le Père veut absolument que tous en bénéficient et s’en réjouissent. C’est donc toute l’humanité que Dieu veut rassembler auprès de lui. Les paroles de Jésus sont très claires : “Allez donc à la croisée des chemins ; tous ceux que vous rencontrerez, invitez-les au repas de noces.”
La mission de l’Église, notre mission à tous, c’est d’être les messagers de cette invitation. En tant que chrétiens baptisés et confirmés, nous sommes envoyés dans le monde pour témoigner de cette bonne nouvelle et de l’espérance qui nous anime. C’est en vue de cette mission que Jésus nous envoie son Esprit Saint. Nous ne pouvons pas être disciples du Christ sans être missionnaires. C’est toute notre vie qui doit contribuer à l’annonce de Jésus.
Voilà donc cette invitation à la fête. Mais l’évangile nous montre l’obstination de ceux qui se sont éloignés de la bonne nouvelle. Nous sommes surpris et même choqués devant l’attitude désinvolte des invités de cette parabole. On leur propose quelque chose d’extraordinaire qui va transformer leur vie ; or voilà qu’ils n’ont pas le temps, ils sont débordés de travail, accablés de soucis. Pire, ils se retournent contre les messagers porteurs de cette bonne nouvelle qui insistent et ils les maltraitent sauvagement. C’est une allusion à tous les martyrs d’autrefois et à ceux d’aujourd’hui.
Nous aussi, nous trouvons facilement des excuses pour ne pas répondre à l’invitation du Seigneur. Je n’ai pas le temps de prier ni d’aller à la messe d’aller à la messe parce que j’ai trop de travail ou encore parce que j’ai des invités. On oublie alors que l’Eucharistie est vraiment le rendez-vous le plus important de la semaine. Le Christ est là présent ; il rejoint les communautés chrétiennes réunies en son nom. Il vient nous redire l’amour passionné de Dieu pour tous les hommes. Malheureusement, beaucoup préfèrent être tranquillement installés chez eux et éviter tout ce qui dérange leur tranquillité.
Bien sûr, Jésus ne force personne à venir à ses noces. Mais il poursuit inlassablement son invitation. Il ne peut pas se résigner à nous voir malheureux loin de lui. Dieu est amour. Il ne peut pas ne pas aimer. Toute la Bible nous montre Dieu s’adressant aux hommes en termes d’amour et d’alliance. C’est comme un feu que rien ne peut arrêter.
La deuxième partie de l’évangile nous montre le rassemblement dans la salle des noces. Nous assistons à l’entrée du Roi. Et là, il y a un problème. L’un des convives n’a pas son vêtement de noces. Alors on se pose la question : Comment reprocher à un homme que l’on a ramassé sur la route de ne pas avoir son vêtement nuptial ? Si Jésus a ajouté cette exagération, c’est qu’il a un message important à nous transmettre.
Jésus vient en effet nous rappeler que nous devons nous habiller de justice, porter des fruits de droiture. Porter le vêtement de noces, c’est être converti. Cet habit nuptial nous est fourni par le sacrement de la réconciliation. C’est là que nous retrouvons notre dignité d’enfants de Dieu. N’oublions jamais que le Seigneur est toujours là pour nous revêtir de sa lumière et de sa gloire.
En ce mois du Rosaire, nous nous tournons aussi vers la Vierge Marie. Qu’elle nous accompagne sur ce chemin de conversion. Confions-lui les drames et les espérances de notre monde. Prions-la aussi pour ceux qui sont persécutés à cause de leur foi. Elle sera toujours là pour nous renvoyer au Christ. “Aujourd’hui, ne fermons pas notre cœur, mais écoutons la voix du Seigneur.”
Sources : Revues liturgiques, les cahiers de Prions en Église – L’année chrétienne 2020-2021 – François selon Matthieu
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Depuis plusieurs dimanches, l’Évangile insiste sur notre participation au ‘Royaume des Cieux’. Le Seigneur est ce maître du domaine qui, à tout moment, embauche des ouvriers à sa vigne. Il est encore ce père qui sollicite la collaboration de ses deux fils à son travail. Il est enfin le propriétaire de cette vigne confiée à des intendants qui l’exploitent à leur compte et contre leur maître. Aujourd’hui, il s’agit d’un heureux événement dans un cadre festif : « Le Royaume des Cieux est comparable à un roi qui célébrait les noces de son fils. »
Une chaleureuse invitation sous le signe d’amitié et de convivialité. Et pour l’occasion, la porte du royaume est ouverte à tous. Mais, contre toute attente, beaucoup repoussent l’appel par indifférence, ou parce qu’ils sont trop occupés. Certains maltraitent même les émissaires venus les convier à la fête… Un bien triste constat : La bonté du Roi est bafouée par certains invités ! Le message de la parabole est clair ! Nous sommes tous conviés à la festivité au Royaume de Dieu. La porte du Ciel est largement ouverte. Dieu nous invite à partager sa félicité, à partager son intimité. Tout est prêt ! Cependant, Il nous laisse libre d’accepter ou de refuser cette délicate proposition. Hélas, bien des fois, nous faisons la sourde oreille. La vie intérieure ne nous concerne guère. C’est le moindre de nos soucis. Trop occupés ! Tout comme ces invités dans l’Évangile, ‘l’un à son champ, l’autre à son commerce’, les diverses activités prennent souvent le pas sur le côté profond de notre être. De multiples sollicitations, bien plus miroitantes à nos yeux, nous déconnectent de cette partie cachée de notre vie. Les tracas de la vie accaparent notre esprit et couvrent la voix divine. Pourtant, l’intimité auprès de Dieu n’est pas incompatible avec les soucis de la vie. C’est même tout le contraire car, au lieu d’être un obstacle, une vie intérieure intense transfigure nos activités et renforce leur efficacité. Dieu nous invite à passer du temps avec Lui, à lui parler. Se recueillir même pour un court instant, c’est possible et à la portée de tous. Quand la paix intérieure se fait sentir, ne ratons pas une si belle occasion. Ne passons pas à côté du Bonheur. Et soyons certains que ce moment de quiétude revigorera notre existence.
Nous sommes tous invités à participer au festin du ‘Royaume des Cieux’ ! Une seule condition préalable : Nous revêtir de notre ‘vêtement de noce’. Notre adhésion dynamique est indispensable car le salut n’est jamais automatique. Répondons à l’invitation de Dieu en nous transformant. Saint Paul nous explique : « Dépouillez-vous du vieil homme et revêtez-vous de l’homme nouveau, créé en Jésus-Christ. » (Ep 4:24) « Comme des élus de Dieu, mes bien-aimés, revêtez le vêtement d’amour et de compassion, de bonté, d’humilité, de douceur et de patience. Supportez-vous les uns les autres. Pardonnez-vous l’un à l’autre comme le Christ vous a pardonné. À votre tour, placez par-dessus tout la charité, ce lien parfait. » (Col 3:12-15) L’Amour entre nous, c’est cette tenue vestimentaire qui honore d’être un appelé de Dieu. La fraternité chrétienne nous revêt du plus beau vêtement adapté à la circonstance. Jésus insiste sur cet Amour qui nous unit autour de Lui : « Lorsque tu vas présenter ton offrande à l’autel, si, là, tu te souviens que ton frère a quelque chose contre toi, laisse ton offrande, là, devant l’autel, va d’abord te réconcilier avec ton frère, et ensuite viens présenter ton offrande. » (Mt 5:23-24) Saint Jacques nous le rappelle : « Mes frères, si quelqu’un prétend avoir la foi, sans la mettre en œuvre, à quoi cela sert-il ? Sa foi peut-elle le sauver ? […] la foi, si elle n’est pas mise en œuvre, est bel et bien morte. » (Jac 2:14,17)
« Voilà : mon repas est prêt, mes bœufs et mes bêtes grasses sont égorgés ; tout est prêt : venez au repas de noce. » insiste le Roi dans la parabole. Pour nous, c’est l’appel à participer au Repas eucharistique. Jésus nous y invite ! « Heureux les invités au repas du Seigneur ! » proclame le prêtre juste avant la Communion. Mais bon nombre de chrétiens ignorent cette invitation, par indifférence ou parce qu’ils sont trop occupés…
Nguyễn Thế Cường Jacques
Merci pour, cette homélie très profonde. J’ai beaucoup apprécié l’éclairage qui montré que l’homme sans habit de noces est un homme non converti.